Diolinoir

Boniface

Instantanément, son fruité anime le nez qui l’appréhende. À l’œil, sa robe apparaît richement colorée. Au palais, son goût corsé s’impose. Ce fort caractère lui vient des tannins serrés qui le composent. La cerise et les fruits noirs en sont les emblèmes. Et la barrique prodigue de la cohérence et de l’ampleur à l’ensemble.

De son vrai nom Benedetto Caetani, Boniface VIII connaissait déjà le centre de décision de la chrétienté avant son pontificat. Il avait en effet été l’avocat et notaire d’Innocent IV. Il était originaire du Latium où il avait vu le jour en 1230.

Sa notoriété lui est venue de sa volonté d’imposer aux puissants de son époque l’absolutisme théocratique de la papauté. Sa bulle «Unam sanctam» affirmait ainsi avec force la primauté du pouvoir spirituel sur le temporel.

Cette exigence mit Boniface en vive opposition avec le roi de France Philippe IV le Bel. Par suite de ce conflit, il fut même victime d’un attentat, mais dont il réchappa. Autre fait mémorable, il créa le premier jubilé (ou «année sainte») en 1300. Le succès en fut considérable, l’afflux de pèlerins étant extraordinaire.

Quelques années plus tard, la venue d’une délégation mongole donna lieu à des réjouissances fastueuses. Cette magnificence fit que l’intraitable Dante relégua ce Saint-Père aux tréfonds de la fosse des simoniaques.